... et ce n'est pas l'Union Soviétique - pardon ... la Russie ... - ni le SARS-CoV2.
Il y a quelques jours, un policier participant à une opération de contrôle routier, était percuté par la voiture d'un criminel récidiviste qui le tuait sur le coup. Pour célébrer ses obsèques, le gouvernement a dépêché son ministre de l'Intérieur qui, selon la presse, a prononcé ces paroles :
«De quel mal souffre notre société pour s'en prendre à un policier qui vient vous porter secours ?», s'est insurgé Gérald Darmanin. «Sans règle, sans autorité, sans policier, il n'y a plus de République, plus de liberté».
Quand on lit cette citation, au premier abord, on prend une seconde de silence et on acquiesce dans son coin.
J'ai d'un coup ressenti le besoin de soumettre cette citation à un essai d'analyse grammaticale - à la mode d'autrefois, hélas. Je n'aura pas dû ...
La question est simple : quel est le sujet de la proposition infinitive : "pour s'en prendre à un policier" ?
J'ai d'abord imaginé un "on" impersonnel et implicite. Cà se fait. Mais, si vous réécrivez le début de la citation en :
"De quel mal souffre Alfred pour s'en prendre à un policier ..."
dans laquelle "Alfred" remplace "notre société" ... vous découvrez - comme moi avec horreur - que le sujet est bien "notre société". C'est elle qui s'en prend à un policier !
Monsieur Darmanin a vraiment eu tort de faire un essai de philosophie politique lors des obsèques d'un de ses agents. Cela partait d'un bon sentiment. Cela n'était pas faux. Pire, c'était l'annonce du décès de l'ordre républicain.
Tout simplement.
Une fois de plus, les autorités utilisent le langage de Molière qui se moquait des parangons de la vertu bourgeoise : "Oui, c'est à vous que je parle ma soeur ..." Ce n'est pas à Alfred que Darmanin s'adresse. C'est à "sa soeur" ... Vous savez : "notre société" ...
Ce pourrait être comique. C'est terrible.
Parce que Darmanin tire clairement les conclusions qui s'imposent à tout esprit rationnel : il n'y a plus de liberté et plus de république, parce qu'il n'y a plus ni règle, ni autorité, ni policier. Darmanin aurait-il enterré le dernier ?
Mais, il y a encore autre chose. Pour Darmanin, un policier est quelqu'un "qui vient vous porter secours".
Sincèrement, il serait temps que les petits bourgeois qui s'emparent du pouvoir politique à chaque élection depuis cinquante ans - leurs prédécesseurs étaient seulement de grands bourgeois - revoient leur formation. Ce n'est pas avec les Bisounours des dessins animés pour enfants qu'on devrait former nos politiciens. Il serait temps !
En fait, non. C'est trop tard.
Parce que ce qui leur semble de ce reproche, c'est qu'il est injuste. Ce ne sont pas les Bisounours des émissions télévisées du matin qui leur a servi de formation bien sûr. C'est exactement la même chose : ce sont les manuels d'économie publique ou d'administration bancaire ! Un monde idéal dans notre société libérale où chacun s'enrichit en ne faisant rien et où il n'y a pas de laissé pour compte. Ceux-là, ils restent dehors. Pas de "notre" monde ...
Il y autre chose.
En consultant les sites d'information anglo-saxons, je suis tombé sur une vidéo "amateur" de l'arrestation musclée d'un dangereux criminel en Australie l'autre jour. Le policier - blanc, je vous rassure - devait faire plus d'un mètre quatre-vingt et peser dans les 80 kilos. Le dangereux criminel était une gamine de vingt ans, toute rose et potelée, d'environ un mètre cinquante. Son crime, qu'elle niait véhémentement, était de ne pas porter de masque facial.
Selon les grandes traditions de liberté dans le monde occidental, le policier - blanc - a fait une prise de hanche, de sorte que la fille s'est retrouvée le dos sur le trottoir et il lui est tombé dessus, genou sur le ventre. Immobilisé, le criminel. Force à la loi !
Je préviens Monsieur Darmanin. S'il continue à nous faire croire qu'il tient des Bisounours, qu'il prépare un exil doré au Quatar. Enfin, où il voudra. Parce qu'ici, çà va chauffer.
____
Commentaires
Enregistrer un commentaire