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L'américanisation de la société. D'un article de Phelps.

 Edmund S. Phelps est un économiste Prix Nobel. Il vient de publier un article Poverty as Injustice, qui en soi est une nouveauté dans le climat idéologique. Pourtant Phelps aurait déjà abordé ce thème dès 1974. Il n'a pas dû l'aborder bien fort.

Là aussi, on peut estimer qu'il regarde la question de la pauvreté avec un filtre - peut être trop large, peut être trop fin, je ne sais - qui l'écarte du cœur critique.

Je pense que le filtre dont Phelps a manqué la critique est celui de l'injustice parce que ce terme d'injustice est aujourd'hui pourri par l'idéologie. La seule injustice qu'accepte l'idéologie - ou les idéologies si vous le préférez - est celle qui est combattue par l'inclusion - par les politiques inclusives, si vous le préférez. Et de fait, Phelps semble avoir découvert que la solution était de travailler à une économie qui soit à la fois "inclusive et juste".

A la manière des grands bourgeois américains, Phelps semble imaginer que les seuls pauvres de "la paroisse" sont les Noirs et les LGBT, parce qu'ils subissent l'injustice de l'exclusion. En pleine crise BLM, il est clair que la bourgeoisie n'est pas rassurée. Loin de moi l'impertinence de prétendre que les Noirs et les LGBT ne subissent pas l'injustice de l'exclusion. Mais, d'une part, tous les Noirs et tous les LGBT ne sont pas pauvres, même si "par principe" ils subissent l'injustice de l'exclusion, et d'autre part, il existe de nombreux Blancs, des Hispaniques, des Asiatiques, des Natives qui subissent une pauvreté sans précédent aux États-Unis. La focalisation de Phelps, sinon sur les Noirs et les LGBT - il ne le dit pas - du moins sur les "exclus" revient à un cercle vicieux : ils sont pauvres parce qu'exclus ; donc incluons les et ils seront riches.

Or, il y a quelques jours, on a diffusé une information remontant à la Bank of America qui établit que les gens qui se trouvent au salaire médian de la société américaine ont besoin de 53 semaines de salaire pour régler leurs dépenses obligatoires annuelles. Il leur fallait seulement 30 semaines en 1985 !

Comme, faut-il le rappeler, l'année comprend 52 semaines, cela signifie que le salaire médian américain ne suffit plus à régler les dépenses obligatoires. Cela signifie que plus de la moitié des américains sont pauvres, tout simplement.

Le problème que révèle cette "statistique" est que la pauvreté n'est pas une question d'exclusion et la justice ne sera pas "rétablie" par une politique économique "inclusive". Il révèle que les salaires servis aux États-Unis sont insuffisants pour permettre à la moitié des américains de survivre par eux-mêmes.

Très simplement, vulgairement, le problème vient uniquement du fait que les employeurs ne payent pas assez leurs salariés pour permettre leur survie autonome. C'est aussi simple que cela et ce fait ne provient pas d'une erreur d'inadvertance. C'est une tactique de régulation sociale. Injuste, parce que la justice exige que le travail soit rémunéré au moins à hauteur de la survie du travailleur.

Et contrairement à ce que Phelps et les grand-bourgeois imaginent, ce n'est pas un problème d'exclusion. C'est au contraire à un remarquable travail d'"inclusion" par la pauvreté que les bourgeois se sont livrés depuis quarante ans. C'est la pauvreté qui assure sa domination à la bourgeoisie parce qu'elle interdit au prolétariat de sortir lui-même de sa misère à cause de son manque de moyens. Aucun prolétaire ne pourra plus jamais faire concurrence à Bill Gates qui, c'est une justice à lui rendre, n'a jamais été un prolétaire. Et ni le prolétariat, ni la bourgeoisie ne veulent d'une société sans classe. 

Très clairement, pour autant que l’État ait réellement accepté la mission de réguler l'antinomie de classes, l’État a - presque partout dans l'Occident américanisé - failli à cette mission. Il a évidemment pris parti pour la grande bourgeoisie, assurant l'ascension des Gates, des Zuckergerg et autres Bezos. Et de combien d'autres qui ont fait fortune - contrairement à l'opinion reçue - sans apporter la moindre valeur à la société. Mais ceci est une autre histoire.

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