La presse française rapporte "prudemment" la décision d'une cour de justice californienne imposant à Uber et à Lyft de requalifier les contrats de ses chauffeurs en contrats de travail.
Les contrats "à la Uber"
Ainsi que nul n'en ignore, les contrats à la "Uber" concernent un contrat d'entreprise à entreprise. Uber concède à une entreprise unipersonnelle déterminée un droit d'accès à sa plateforme internet de réservation de voitures de sorte que le chauffeur, titulaire de l’entreprise unipersonnelle, se voit indiquer une course à prendre sous un délai déterminé et à un tarif en fait imposé par Uber. Le chauffeur ne doit travailler que pour Uber et se tenir à sa disposition à chaque instant de travail.
Dans la pratique, les chauffeurs se trouvent entre eux en situation de concurrence, mais pas Uber. C'est le chauffeur qui demande le tarif le plus bas qui emporte la course.
Quel avantage pour le chauffeur ? Il travaille quand il veut. En fait, tout le temps, parce que le prix des courses ne couvre pas les charges fixes du chauffeur.
Quel avantage pour Uber ? Sous réserve d'avoir moins de chauffeurs que de client demandant une course, il peut fixer librement le prix de chaque course aussi élevé que possible et rémunérer le chauffeur aussi bas que possible.
L'avenir radieux des économistes "libéraux"
Des économistes déments ont prétendu que cette formule de travail était la clé de l'avenir. Et de fait, le statut de travailleur indépendant a été prévu par Sarkozy exactement dans ce but. Et pas dans le but de développer Uber ! Mais pour adapter son modèle économique à toute la population active autant que possible.
Freiner la uberisation
La décision californienne doit être accueillie avec prudence. Elle peut être renversée ou sa portée annulée par d'autres lois. Les États européens sont radicalement en faveur de cette uberisation du travail, parce qu'elle supprime le chômage indemnisé. Elle permet, par exemple en France, de réduire les charges futurs de retraite, parce que le régime des indépendants est beaucoup moins favorable que celui des salariés pourtant pas vraiment mirobolant.
Mais cette décision de justice étrangère permettra peut être d'attirer l'attention des alouettes que nous sommes pour ne pas nous faire "prendre" par le "miroir Uber".
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